Eliza Ivanova est une artiste originaire de Bulgarie dont la formation s’étend de l’Académie des Arts bulgare au California Institue of Arts. Au terme de cet apprentissage, elle devient dessinatrice et animatrice pour les studios Pixar. Parcours plutôt qualitatif, donc !
Penchons-nous sur le style d’Eliza Ivanova et tâchons d’en apprendre quelque chose. Petite vue d’ensemble pour commencer :

Ce n’est qu’un très maigre aperçu de l’oeuvre totale d’Eliza Ivanova, qui est très productive. Elle poste très régulièrement de nouveaux dessins sur Instagram et sur son site.
Le style d’Eliza Ivanova
Pour résumer en quelques mots, nous pourrions dire que son dessin est fin, fluide, détaillé. Eliza Ivanova joue également sur l’aspect brouillon, sur le contraste et sur l’estompage. Allons plus en détail à présent.
On observe assez facilement la fluidité du trait, sa légèreté, qui contraste avec la complexité des dessins fourmillants de détails. On peut ajouter à cela l’expressivité des visages, la justesse anatomique des corps, des mains et des visages. Ce sont des qualités qu’Eliza Ivanova a dû renforcer dans sa carrière d’animatrice, où fluidité et expressivité sont essentielles.
Le dynamisme vient tantôt des angles de vue, tantôt des positions des personnages, des entrelacs des courbes et du style brouillon auquel l’estompe apporte beaucoup.
Parlons-en, de l’estompe, car rares sont les dessinateurs qui l’utilisent et Dieu sait si, mal employée, l’estompe (l’estompage en général) peut salir un dessin. Il n’en est rien ici. L’estompage d’Eliza Ivanova est très « propre » et assure 99 % des ombrages de ses dessins. Les ombres sont donc douces et subtiles, avec une grande richesse de tons. C’est un peu l’inverse de ce que donneraient des ombres hachurées.
Cet ombrage à l’estompe donne très facilement de la profondeur et du contraste aux dessins. Il crée rapidement un jeu de clair-obscur qui met en valeur les lumières et permet d’obtenir rapidement et intuitivement des ombrages qu’il serait bien plus fastidieux d’obtenir au crayon. Cela offre donc à Eliza Ivanova une rapidité d’exécution qui va de paire avec son style libre et spontané.

Pourtant, des ombres trop douces et subtiles pourraient vite donner une impression de mollesse vaporeuse. Il n’en est rien chez Eliza Ivanova grâce à une caractéristique dynamique de ses dessins : le tracé du contours des ombres. Ainsi, les ombres ne sont pas simplement un nuage estompé aux contours vagues, mais des zones délimitées par des traits nets. Cela dynamise les ombres, donne du relief au visage en accentuant ses volumes, donne également de la texture en remplissant l’espace, et participe finalement au fourmillement des lignes et des détails qui font la spécificité des œuvres d’Eliza Ivanova.

Alors comment s’inspirer de ce style ? En étudiant l’ombrage à l’estompe façon Eliza Ivanova et la fluidité générale du dessin.
Cette dernière repose de toute évidence sur de solides connaissances anatomiques, permettant de représenter en quelques courbes rapides les détails du corps dans toute sa souplesse. Les ombres à l’estompe auront rapidement fait de souligner les volumes et de participer à une construction anatomique harmonieuse et réaliste.

Le travail des chevelures est lui aussi particulier : le dessin au trait ne concerne que la structure générale des cheveux, et à nouveau l’estompe fait la majorité du travail, des ombres et des lumières. Une fois de plus, les cheveux sous formes de traits broussailleux participent au côté brouillon, au fourmillement de détails et au dynamisme, tandis que l’estompe apporte masse, volume et contraste.

Les mêmes effets appliqués aux vêtements et aux drapés finissent d’habiller les compositions d’Eliza Ivanova.
Comment s’inspirer d’Eliza Ivanova ?
L’artiste travaille sur papier lisse. Sur papier à grain, les ombres seraient moins fluides et le grain apparaîtrait. Les traits seraient également moins souples et nets. Ses vidéos Instagram montrent qu’Eliza Ivanova dessine à la mine graphite, au porte-mine, et utilise une estompe classique. Il n’y a donc rien d’incroyable donc dans son matériel, c’est encourageant.
Les vidéos montrent une fois de plus un dessin rapide, fluide, avec peu de corrections. Il s’agit donc d’oeuvres quasi-improvisées, assez diversifiées, et non de dessins de longue haleine, comme en témoigne également la grande productivité d’Eliza Ivanova.
Une fois de plus, son expérience donne probablement à Eliza Ivanova une grande facilité de composition et une liberté facile à observer dans l’exécution. La rigueur académique est ici dépassée mais d’importantes connaissances théoriques, notamment anatomiques, sont très perceptibles. Eliza Ivanova fait vraisemblablement partie de ces artistes ayant reçu et assimilé un lourd bagage académique et ayant réussi ensuite à y intégrer son propre style.
Imiter Eliza Ivanova n’est donc pas chose facile. Néanmoins l’observation de son style, tantôt subtil, tantôt volontairement brouillon, permet d’en comprendre les clés pour s’en inspirer.
Envie d’en voir plus ? Eliza Ivanova dévoile son art dans son livre Eleeza : The Art of Eliza Ivanova
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