Choisir le bon papier

Format, grain, grammage, texture, couleur,… choisir son papier n’est pas toujours évident lorsqu’on s’initie à l’art, et que l’on pratique le dessin au crayon, au pastel, au fusain, ou encore l’aquarelle, la peinture acrylique ou la peinture à l’huile, il faudra toujours choisir le bon papier pour réaliser de belles œuvres d’art.

Quel format de papier choisir ?

Choisir le bon format de papier dépendra bien sûr de votre projet. Il est toutefois bon de connaître les principaux formats de papier que vous rencontrerez dans votre vie d’artiste :

• Format A6 : 10,5 x 14,8 cm.

• Format A5 : 14,8 x 21 cm.

• Format A4 : 21 x 29,7 cm.

• Format A3 : 29,7 x 42 cm.

• Format Raisin : 50 x 65 cm.

• Format Grand Aigle : 75 x 105 cm (parfois 75 x 106 cm ou 75 x 110 cm selon les marques).

En choisissant le format de votre papier, pensez qu’il vous faudra le ranger ou bien l’exposer. Si vous optez donc pour un grand format, soyez certain de posséder un cadre, un carton à dessin ou un tube de rangement adapté.

Le grammage du papier

Le grammage du papier (on parle aussi de sa « force ») c’est tout simplement son poids par mètre carré. Ainsi, quand on dit « du papier 80 grammes », cela veut dire « du papier qui pèse 80 grammes par mètre carré ». Si donc on coupait un carré de 1 x 1 mètre de ce papier, le tout pèserait 80 grammes.

Et le poids du papier est quasiment toujours lié à son épaisseur : un papier lourd est un papier épais, et c’est cette épaisseur qui nous intéresse en art, car c’est elle qui va définir la rigidité du papier, sa solidité, ainsi que les sensations lorsqu’on dessine ou qu’on peint dessus.

Voici de quoi vous faire une idée du grammage de différents papiers :

• 10 – 30 g/m² : papier à cigarette.

• 40 g/m² : papier journal.

• 80 – 90 g/m² : papier d’imprimante / ramette de papier classique.

• 90 – 200 g/m² : papier à dessin classique.

• 150 – 200 g/m² : papier photo.

• 250 – 600 g/m² : papier aquarelle.

• > 300 g/m² : papier pour techniques humides (aquarelle, peinture acrylique, à l’huile, lavis,…).

Attention, pour la peinture à l’huile, il faut utiliser un papier adapté pour éviter que l’huile n’imbibe le papier :

Le grain du papier

Ne pas confondre le grain et le grammage du papier, car le grain, lui, désigne la texture du papier. On pourrait dire que le grain du papier va du papier parfaitement lisse, jusqu’au papier de verre le plus texturé et abrasif.

• Parmi les papiers les plus lisses, on peut citer le papier Bristol ou le papier Layout (papier pour feutres et marqueurs).
  Comme ils sont parfaitement lisses, ces papiers sont idéaux pour les dessins détaillés et fins. Par ailleurs, leur texture les rend très peu absorbants, c’est pour cela qu’ils sont si adaptés aux feutres et marqueurs : l’encre ne pénètre pas le papier, elle reste en surface. Pas de risque donc de voir l’encre baver et gâcher votre dessin. Et au feutre à alcool, cela assure que l’encre ne séchera pas trop vite et qu’on aura le temps de mélanger les couleurs entre elles pour obtenir des effets de dégradé et de dilution de couleur.

• Les papiers à dessin vont du grain fin (comme le papier d’imprimante classique, quasi-lisse) aux papiers cartonnés plus texturés comme le papier Canson à grain. On notera ici que plus un papier est texturé, plus ses aspérités peuvent capter de graphite ou de pigment de vos crayons. On aura donc plus de faciliter à obtenir un trait marqué (noir profond pour du crayon à papier, ou couleurs vives pour des crayons de couleurs) sur un papier à grain. À l’inverse, dessiner sur du papier lisse est difficile car le crayon marque peu le papier.
  Choisir le grain du papier se fera en fonction de vos goûts : un grain fort capte mieux le crayon, mais il laisse aussi sa texture de papier visible sur votre dessin et rend le travail des détails plus ardu. À vous donc de savoir l’effet que vous recherchez.

• Les papiers les plus texturés s’apparentent à du papier de verre. C’est le cas des Pastel Card, des papiers très abrasifs faits pour le dessin aux pastels. Le but est toujours le même : prélever et capter le maximum de pigment pour obtenir les noirs et les couleurs les plus intenses possibles. En contrepartie, vos pastels et vos fusains s’épuiseront très vite sur ce genre de papier.

• Le papier aquarelle se trouve sous différents grains : le grain satiné (très lisse), le grain torchon (très texturé) et le grain fin (entre les deux). En aquarelle, le choix du grain est important car les pigments se déposent surtout dans les creux du papier. La texture du papier est donc très visible et peut facilement changer le style graphique de votre aquarelle. Apprenez-en plus dans notre page consacrée à la découverte de l’aquarelle.

Attention au papier qui gondole !

Si vous utilisez votre papier avec des techniques humides, comme l’aquarelle, la peinture acrylique, la peinture à l’huile ou les lavis, vous devez vous méfier des papiers qui gondolent, car cela pourrait gâcher votre œuvre.

Typiquement, un papier qui gondole est un papier trop fin, et qui a absorbé trop d’eau. Aucun risque donc de faire gondoler du papier avec une technique sèche comme le crayon ou le fusain. Peu de risque également de faire gondoler un papier qui est à la fois épais et de petit format (A4 et inférieur).

Le gondolement du papier est cependant possible si :

• Vous pratiquez une technique humide sur un papier de moins de 300 g/m².

• Vous pratiquez une technique humide sur un papier grand format (A3 et plus) sans précaution particulière (voir ci-dessous).

Un papier qui gondole, c’est très pénible. D’une part car ce n’est pas beau, et qu’une belle aquarelle/peinture perdra tout son charme si elle est présentée sur un papier gondolé.

D’autre part, car un papier gondolé verra l’aquarelle ou la peinture couler le long de ses creux. En clair, impossible d’exécuter une aquarelle ou un lavis sur un papier gondolé, car le pigment que vous déposerez à un endroit de la feuille pourrait couler vers un autre endroit, parfois situé à l’autre extrémité….

Pour remédier à cela :

• Premièrement, ne mettez pas trop d’eau sans raison. Vous devez toujours adapter la quantité d’eau à vos besoins, et votre feuille de papier ne doit pas devenir une piscine.
• Si vous peignez sur des petits formats (format A4 et inférieur) et pourvu que le papier soit épais, il n’y aura probablement aucune précaution à prendre, car la feuille sera suffisamment rigide pour résister au gondolement.
• Vous pouvez coller votre feuille de papier aquarelle sur votre support avec du ruban adhésif pour aquarelle. Du ruban adhésif classique peut convenir également, mais veillez d’abord à le coller/décoller sur vos vêtements, pour le rendre moins adhésif. Sinon, il risquera de déchirer votre papier au moment de l’enlever. Découpez quatre bandes de ruban adhésif et posez-les sur les quatre bords de votre feuille pour la coller au support.
• Il existe des blocs de papier aquarelle encollés. Cela signifie que chaque feuille du bloc est collée à celle d’en dessous. Ainsi fixée, elle ne gondolera pas, et vous n’aurez pas de précaution particulière à prendre. Une fois l’aquarelle peinte, vous n’aurez qu’à passer une lame de couteau entre votre feuille et celle d’en dessous pour les décoller délicatement.
• Enfin, pour les papiers aquarelle de grands formats ( format A3 et supérieur) , il est recommandé de plaquer votre feuille à un support lisse (planche de bois, plexiglas, ou votre table à dessin) et la mouillant. Mouillez donc généreusement le verso de votre feuille avec une éponge ou un pinceau large, plaquez-la contre le support, puis fixez ses bords avec du ruban adhésif, comme nous l’avons vu précédemment. Laissez ensuite le tout sécher. Une fois sèche, votre feuille sera parfaitement tendue et collée au support, et même en y appliquant de grandes quantités d’eau, elle ne devrait pas gondoler. C’est la technique des grands aquarellistes.

La couleur du papier

Une fois de plus, le choix de la couleur dépend de vos goûts et de votre projet. On notera simplement que si le blanc est la couleur la plus commune de papier, il est parfois plus intéressant, notamment en dessin, d’opter pour un papier mi-teinte (généralement gris clair, brun clair ou bleu clair).

• Dans un dessin au crayon à papier ou au fusain, cela permet de ne pas aller seulement du blanc du papier vers plus de noir, mais plutôt de partir d’un ton neutre pour travailler autant ses noirs (crayons à papier/fusain) que ses blancs (crayon blanc, craie blanche). On donne ainsi une dimension supplémentaire au dessin qui rend le travail des lumières bien plus riche.

• Dans un dessin en couleur, le papier de couleur peut accompagner la composition, ou au contraire contraster efficacement avec elle. Dans la technique du dessin aux trois crayons, le papier mi-teinte joue un rôle essentiel dans l’atmosphère générale de l’oeuvre, qui aurait été bien moins percutante avec un papier blanc. L’idée ici est aussi de casser le côté « aveuglant » du blanc, en ne le réservant qu’aux rehauts de lumière et aux mises en valeur ponctuelles.

• Vous pouvez aussi casser le blanc du papier en partant d’une feuille blanche est en la ternissant vous-même, en appliquant sur votre fond un mélange d’eau et de fusain par exemple, comme le fait l’artiste Bryce Cameron Liston.
  En aquarelle ou en lavis, un peu de pigment dilué dans beaucoup d’eau vous permettra là aussi de casser le blanc du papier facilement.

En conclusion 

Bien choisir son papier, c’est avoir une bonne idée du résultat auquel on souhaite aboutir. Trouver le bon format, le bon grammage, le bon grain et la bonne couleur semble alors plus clair.

À travers cet exercice, on comprend aussi que le papier doit être plus qu’un simple support et intégrer pleinement la composition artistique. Il vous appartient donc de tester toutes les possibilités pour trouver le papier qui vous convient le mieux.